GeoNetArt

LE SOL

Le début du travail a été de me rendre au parc du Scheutbos, un espace vert/friche à côté de chez moi. Depuis que j’habite à Molenbeek, c’est un lieu auquel je me rend régulièrement, qui est marquant par la qualité de la préservation de sa biodiversité. Contrairement à un parc plus urbain, cet espace conserve une grande diversité dans ses paysages. Il est entretenu selon le principe de la gestion différenciée qui tend à respecter les différences nécessaires de traitement entre des espaces (bois, prairies, marais…) et à réduire au maximum l’intervention de l’homme (pas d’usage de pesticide, entretient seulement des chemins…). J’ai tenu à filmer le sol sur lequel je marchais, et rassembler ces courts films sur un site.

Je voulais rendre compte par le film de la diversité de ces sols, du vent, du soleil et de l’ombre. L’idée était de faire porter l’attention sur ce qu’il y a sous nos pieds, et de partager ce que j’avais filmé par la suite. Rendre une trace de mon passage et de ce que j’ai pu retenir, sans pour autant m’imposer dans l’espace.

J’ai donc créée de courts gifs à partir de ces vidéos, qui occupent toute la page web. Un lien amène à une nouvelle image, une nouvelle vision du sol. L’ordre de ces pages web/sol suit le parcours que j’ai entrepris pour filmer. J’ai ensuite sérigraphié le QR code ramenant au site final sur un tissus en lin, que j’ai accroché avec de la corde dans le parc. L’emplacement est proche des endroits filmés originellement. Mon intention est que le tissus se dégrade avec le temps et ne pollue pas l’espace.

Dans ce travail, j’ai surtout été inspirée par le travail vidéo d’Ana Mendieta. Pendant plusieurs années durant la décennie de 1970, elle a tournée de courts films vidéos (une dizaine de minutes par vidéo) de sa silhouette dans la nature cubaine (d’où elle est originaire). Les films, des plans fixes, nous laissent voir, soit l’artiste en personne dans la nature, recouverte aussi bien de boue, de sang, de fleurs, dans l’eau… que l’empreinte de sa silhouette qu’elle aura auparavant creusée dans le sable, sur la plage, dans la pierre, dans un arbre, ou en feu ; et la disparition de celle-ci par le mouvement naturel du vent ou des vagues, par exemple. De ce travail, qu’elle entrepris en revenant à Cuba d’où elle était exilé, elle dit ceci : «I am overwhelmed by the feeling of having been cast from the womb (nature). My art is the way I re-establish the bonds that unite me to the universe. It is a return to the maternal source.» (Quoted in Petra Barreras del Rio and John Perreault, Ana Mendieta: A Retrospective, The New Museum of Contemporary Art, New York 1988, p.10.)

coordonnées : 50.851630,4.289954